Créer son cadre de travail idéal

Ce n’est pas toujours facile d’identifier les pensĂ©es limitantes que nous pouvons avoir sur les sujets qui nous tiennent Ă  cƓur. Parfois, ces idĂ©es prĂ©conçues sont tellement bien ancrĂ©es dans nos comportements qu’elles nous semblent aller de soi, on n’a mĂȘme pas l’idĂ©e de les remettre en question. C’est souvent une fois confrontĂ© Ă  l’échec que l’on accepte l’idĂ©e que, peut-ĂȘtre, ce que nous pensions ĂȘtre une vĂ©ritĂ©, n’en est pas une.

C’est exactement ce dont je suis en train de faire l’expĂ©rience dans le cheminement qui est le mien, pour libĂ©rer ma crĂ©ativitĂ©. Je suis sortie du salariat, persuadĂ©e que je n’étais pas faite pour travailler dans une activitĂ© cadrĂ©e, et que c’est en m’affranchissant de ces limites que j’allais pouvoir dĂ©ployer mon potentiel. En devenant entrepreneur, je me suis donc gĂ©nĂ©reusement accordĂ© une libertĂ© totale, en rejet total de tout cadre que je jugeais enfermant. AprĂšs plusieurs mois d’entrepreneuriat, je constate que la libertĂ© absolue est tout aussi contre-productive qu’un environnement trop rigide. Et Ă  vouloir rĂ©inventer entiĂšrement ma façon de travailler, j’ai complĂštement omis l’avantage essentiel d’avoir un cadre de travail : le sentiment de sĂ©curitĂ©.

« Don’t think outside the box, make the box great again Â»

Yaron Herman

Comme souvent, la question n’est pas d’avoir ou de ne pas avoir de cadre, mais bien de trouver un Ă©quilibre et de se crĂ©er son propre cadre de travail. Un environnement dans lequel nous pouvons vĂ©ritablement nous Ă©panouir, et donner libre cours Ă  nos talents. Ce cadre est diffĂ©rent pour chacun d’entre nous, et il s’agit de repĂ©rer dans notre fonctionnement ce qui nous pousse Ă  l’action, ce qui nous motive vraiment. J’ai donc dĂ©cidĂ© de clarifier, pour moi, ce qui constituait un cadre de travail propice Ă  mon travail, et ce qui Ă©tait totalement rĂ©dhibitoire :

MON CADRE IDÉALMON CAUCHEMAR
– Me procure un sentiment de sĂ©curitĂ©
– Me stimule, gĂ©nĂšre des idĂ©es
– Me simplifie la vie
– Me pousse Ă  l’action
– Dynamise mon travail avec les autres
– S’adapte en cours de route, pour se mettre au service de mes besoins et de mon projet
– Me dicte ce que je dois faire
– Me dicte comment je dois faire
– M’impose des devoirs, mais aucuns droits
– Me demande de faire sans tenir compte de mes besoins, mes envies, ou mes intuitions
– Me donne des Ă©chĂ©ances irrĂ©alistes
– Cadre immuable et rigide, qui n’accepte aucune exception

Sachant cela, le challenge consistait Ă  trouver des moyens concrets pour construire, peu Ă  peu, ce cadre idĂ©al et sur-mesure. Le seul moyen d’y parvenir : l’expĂ©rimentation ! Certaines choses fonctionnent, et d’autres pas du tout. Je pense que cela va encore certainement s’affiner avec le temps, mais je vous partage ce que j’ai pu identifier pour crĂ©er mon propre cadre idĂ©al :

CE QUI M’AIDE CE QUI NE ME CONVIENT PAS
– Avoir des horaires de travail
– PrĂ©voir mon temps libre / repos
– Me donner des objectifs clairs et prĂ©cis (BUJO*)
– Mettre en place des rituels de travail
– Planifier mes taches la veille pour le lendemain (BUJO)
– Travailler avec des Ă©chĂ©ances qui ont du sens pour moi (BUJO)
– Estimer Ă  l’avance le temps Ă  passer sur une tache
– Baliser le long-terme dans les grosses lignes (BUJO)
– Me crĂ©er des obligations en fonction de ce que j’imagine que l’on attend de mon travail
– Avoir une routine trop stricte
– Travailler avec une Ă©chĂ©ance arbitraire
– Planifier en dĂ©tail et trĂšs en amont
– M’obliger Ă  me cantonner Ă  un sujet, une façon de faire, un type de travail sans tenir compte de ce qui Ă©merge d’un projet
* Le bullet journal (BUJO) est un carnet « fait maison » qui rassemble agenda et prise de notes. C’est un outil que j’utilise depuis plusieurs annĂ©es pour m’organiser, et amĂ©liorer ma façon de travailler. Pour rappel, j’ai crĂ©Ă© un atelier gratuit Ă  ce sujet.

Et vous, quelles sont les conditions de travail qui vous motivent ? Vous avez des méthodes infaillibles pour faire avancer vos projets ? Je suis curieuse de vos bons plans !

La philosophie pratique de Charles PĂ©pin

Depuis la classe de terminale, la philosophie a toujours eu une place particuliĂšre dans mon cƓur. J’aime prendre le temps de rĂ©flĂ©chir aux questions existentielles. J’aime faire ce pas de cĂŽtĂ© qui nous donne du recul sur ce que nous vivons. Mais il faut bien avouer que parfois la philosophie aime couper les cheveux en quatre, et lorsqu’il ne s’agit plus que d’un pur exercice intellectuel, du type thĂšse/anti-thĂšse/synthĂšse, j’ai plus de mal Ă  y prendre part.

Charles PĂ©pin m’a rĂ©conciliĂ© avec la philosophie, car il a dĂ©cidĂ© d’en proposer une approche pragmatique. Une philosophie qui ne se prĂ©occupe pas uniquement des grands dĂ©bats existentiels, mais aussi et surtout de ces questions primordiales qui nous aident Ă  mieux vivre notre condition humaine. J’ai prĂ©vu de faire un article trĂšs bientĂŽt sur l’un de ses livres, qui m’inspire Ă©normĂ©ment dans mon propre cheminement, mais en attendant, je voulais vous parler de son Podcast, sobrement intitulĂ© « La philosophie pratique Â».

Les diffĂ©rents sujets abordĂ©s ne m’intĂ©ressent pas tous, et pour vous mettre en appĂ©tit, j’ai dĂ©cidĂ© de vous orienter vers un Ă©pisode en particulier, consacrĂ© Ă  l’incertitude. Car mĂȘme si le sujet semble particuliĂšrement actuel dans cette pĂ©riode de pandĂ©mie, son impact dĂ©passe clairement les consĂ©quences du Covid. Par exemple, j’avais eu l’occasion de vous parler de l’incertitude comme compagne dĂ©stabilisante de tout chemin entrepreneurial. Mais en y regardant de plus prĂšs, elle nous concerne toutes et tous. Mieux vivre l’incertitude n’est pas une prĂ©occupation passagĂšre, mais bien un enjeu Ă  longtemps terme. Et parvenir Ă  l’accueillir est l’un des grands dĂ©fis que nous avons Ă  relever pour dĂ©ployer plus de sĂ©rĂ©nitĂ© au quotidien. Il me semble que nous pouvons tous bĂ©nĂ©ficier de ces bonnes ondes.

PODCAST: Comment vivre l’incertitude ? Et surtout, comment bien la vivre ? Nous nous accrochons souvent Ă  nos « certitudes », pourtant c’est dans l’incertitude que nous vivons. Comment apprendre Ă  aimer ce qui nous effraie ? Comment voir dans l’incertitude moins une source d’angoisse qu’une promesse de liberté ?

Alors bonne Ă©coute, et excellent WE !!

Redevenir un débutant

Devenir entrepreneur, c’était un rĂȘve que j’ai caressĂ© pendant de nombreuses annĂ©es avant de me lancer, alors j’y ai projetĂ© beaucoup de fantasmes. Et forcĂ©ment, une fois confrontĂ©e Ă  la rĂ©alitĂ©, tout ne s’est pas passĂ© exactement comme je l’avait espĂ©rĂ©. J’avais imaginĂ© que tout serait naturel et fluide, que je trouverais mon chemin sans obstacles, mais il n’en est rien. Et c’est aprĂšs plusieurs mois de remises en question, quasi-quotidiennes, que je me rends compte que tout cela est NORMAL. J’ai juste oubliĂ© ce que cela fait d’ĂȘtre un dĂ©butant. J’ai juste besoin de me rafraichir la mĂ©moire et de me souvenir comment c’était, d’apprendre Ă  marcher. Etre maladroit. tomber. Se relever, sans se sentir jamais complĂštement stable. Avancer, d’un pas mal assurĂ©. Que de frustrations dont je n’avais plus l’habitude ! Mais, il est Ă©vident que c’est le prix Ă  payer, si on veux tenir debout par soi-mĂȘme, et devenir pleinement autonome.

Être dĂ©butant. A nouveau. Voila un challenge qui promet de ne pas s’ennuyer. Mais comment m’y prendre? Mon cotĂ© « bonne Ă©lĂšve Â» s’agite en moi, et lĂšve le doigt, en proie Ă  une grande excitation : – Moi je sais Madame, je sais comment faire ! Je peux te faire une liste, longue comme le bras, de toutes les choses que tu DOIS absolument faire pour rĂ©ussir.
Ahh faire un plan, mes coller des contraintes. Encore. J’avais pas dit que je voulais trouver une autre façon de travailler ? N’est-ce pas la raison premiĂšre pour laquelle j’ai dĂ©cidĂ© de sortir du salariat ? L’attitude volontariste qui vise Ă  tenter de devenir le « parfait petit entrepreneur Â», j’ai testĂ©, et c’est Ă©puisant ! Alors j’ai dĂ©cidĂ© de prendre la peur de l’Ă©chec Ă  rebrousse poil, en rĂ©flĂ©chissant aux 3 attitudes qui garantissent le fiasco :

1/ SE COMPARER
Vous imaginez, si tous les bĂ©bĂ©s du monde regardaient leurs parents, leurs frĂšres et sƓurs plus ĂągĂ©s, en se comparant? J’entends d’ici la complainte : – Non mais jamais je vais y arriver ! Pourquoi je marche pas comme Papa? Pourquoi je cours pas comme Gustave? Peut-ĂȘtre que je ne suis pas faite pour marcher ? Oui, ça doit ĂȘtre ça. Je vais ramper toute ma vie !
PERSONNE ne rĂ©agit comme ça bĂ©bĂ©, alors pourquoi le faire maintenant ? Le bĂ©bĂ© incarne pour moi l’esprit mĂȘme du dĂ©butant. Il regarde sa famille comme l’objectif Ă  attendre, une source d’inspiration plutĂŽt qu’un sujet de comparaison. Il mets en place un mĂ©canisme de mimĂ©tisme d’autant plus efficace qu’il ne doute pas un instant qu’il parvienne Ă  son but.

2/ SE BRAQUER A CHAQUE ERREUR
Je me vois bien faire. Chaque obstacle, chaque erreur, est un caillou supplĂ©mentaire dans ma chaussure. Je m’énerve, je me plains, et je suis chaque fois Ă  deux doigts de vouloir arrĂȘter de marcher plutĂŽt que de chercher comment sortir ces foutus cailloux de ma chaussure ! Quand je me braque, j’ai tendance Ă  mettre en place deux types de comportements. Soit je m’assoie sur le bord du chemin en me plaignant, soit je continue Ă  marcher Ă  m’égratignant le pied jusqu’au point de rupture. Dans les deux cas, non seulement ça fait trĂšs mal, mais en plus, ça bloque ma progression. La bonne nouvelle du jour, c’est que si un caillou est rentrĂ©, il doit pouvoir ressortir


3/ S’IMPATIENTER
Je veux Ă©crire un livre. Ça fait des annĂ©es que j’y pense. Ça fait des annĂ©es que je commence. Et plus les annĂ©es passent et plus je m’impatiente, parce que je suis pas encore arrivĂ©e au bout de mon projet. Je veux le Graal, je le veux tout de suite ! Or si on se souvient du film « Indiana Jones et la derniĂšre croisade Â», ce sont les aventures que traversent Indy & ses amis qui m’ont rĂ©galĂ©. Le Graal ne constitue pas l’intĂ©rĂȘt du film (il ressemble d’ailleurs Ă  un vieux gobelet tout moche), il n’est qu’un prĂ©texte Ă  vivre une expĂ©rience incroyable. En me focalisant sur l’objectif plutĂŽt que sur les Ă©tapes pour y arriver, je me coupe de la meilleure partie du film. Heureusement que les scĂ©naristes d’ Hollywood ne s’impatientent pas pour crĂ©er leurs histoires !

Bon, je crois que je vais m’employer Ă  « faire le bĂ©bĂ© Â» un peu plus souvent. Comme quoi, les maitres ne sont pas toujours ceux que l’on croit ! 😂