Pendant longtemps, j’ai cru que la résilience, c’était serrer les dents, en attendant que ça passe. Avec le temps, j’ai compris que « ça » ne passe pas. La tristesse. La souffrance. Le malheur. Un moment sans quelque chose qui vrille, sans un imprévu qui remet en cause nos beaux projets, c’est finalement assez rare. On vit, on rit, on souffre, dans un même souffle. Ces instants douloureux font partis de la vie. Ils constituent un lierre sombre, épais, rampant, qui fragilise notre bel édifice de vie. Il tente de le grignoter peu à peu. Mais ce lierre est aussi solide, lumineux et beau, par bien des aspects. Et au final, il maintient notre édifice debout malgré les fissures, dans un amalgame majestueux de feuilles et de pierres. Reconnaitre cette interdépendance, la cruauté de cette réalité, c’est accéder à une forme d’équilibre que l’on appelle « résilience ». Évidemment, ce n’est pas ce que l’on a envie d’entendre, lorsque l’on traverse un moment particulièrement difficile. Pourtant, accepter que notre douleur nous renforce, est justement ce qui nous permet d’accéder à la vie dans son entièreté. Pourquoi est-il si difficile de lui ouvrir les bras ? Et bien certainement parce que la résilience tue l’espoir d’un avenir sans problème. Cela semble un prix élevé à payer, pour ce qui n’était pourtant qu’une illusion. Par ailleurs, la contrepartie est de nous éviter l’erreur mortifère d’attendre des jours meilleurs pour commencer à vivre.
« La vie, ce n’est pas d’attendre que l’orage passe, c’est d’apprendre à danser sous la pluie. »
Sénèque
La résilience prend donc place, dans l’interstice entre deux pierres de la vie que nous construisons au jour le jour. Un tout petit endroit, pas forcément visible à première vue, mais qui contient néanmoins le terreau suffisant pour une graine de germer. Un espace qui existe déjà, ou bien que l’on se crée, avec les dents s’il le faut. Un écosystème où la vie peut renaître. Où la beauté peut se déployer au milieu du béton. Au lendemain de cette annonce de re-confinement d’un mois, je pars en quête de cet ailleurs. Et mon espace de résilience, je crois qu’il se révèle dans les articles de ce Blog, entre les pages de mon journal. À la plume de mes mots qui expriment les chamboulements internes que ces bouleversements déclenchent. Dans les mots des autres également. Ceux que je découvre dans les livres que j’ai sélectionné spécialement pour ces quelques semaines. Des ouvrages que je ne serais pas allée chercher sans cet isolement forcé.
Et vous ? Dans quoi trouvez-vous votre espace de résilience ?