Un trésor de famille – Episode 10

Pour ceux qui auraient loupé le début de l’histoire.

Mégane ouvre les yeux. Elle met quelques instants à reconnaître sa chambre, comme lorsque l’on part en vacances et que l’on ne se souvient plus dans quelle maison on se réveille. Mais en une fraction de seconde, tout lui revient en mémoire. Elle se redresse d’un bond et se précipite dans l’escalier.
– Grand-mère, Grand-mère, où es-tu ?
– Mégane ? C’est toi ma Chérie ? Je suis dans la cuisine.
– Grand-mère si tu savais, je…
Les mots restent soudainement coincés dans sa gorge à la vue d’un visiteur, assis à la table de la cuisine avec sa Grand-mère. Stoppée dans son élan, elle se retrouve les bras ballants et les yeux fixés sur ce visage qui semble venir d’un autre monde…
– Mégane, ma puce, je te présente Archie, c’est un viel ami de ton Grand-père. Il est venu nous faire une petite visite. Assieds-toi, je vais te faire ton chocolat.
– Bonjour Mégane, je suis enchanté de faire ta connaissance. Ta Grand-mère m’a énormément parlé de toi. Mégane reste sans voix, incapable de bouger un cil.
– Mégane, qu’est-ce qu’il t’arrive enfin ? Ne reste pas plantée comme ça en plein milieu de la cuisine !
Cette dernière remarque sort Mégane de sa torpeur. Elle a bien trop peur pour s’empêcher d’interpeller l’homme qui se tient devant elle, comme un réflexe de protection :
– Qu’est-ce que vous faites là Archibald? Où sont Sophie et Pélops ? J’espère que vous les avez libérés ?

Un grand silence suit ses paroles. Tous les yeux maintenant braquées sur Mégane, mais personne ne lui répond. Pourtant, l’espace d’un instant, Mégane a capté l’ombre d’un sourire sur le visage de l’homme, elle pourrait le jurer ! L’homme finit par reprendre la parole.
– Tu connais Sophie ? Voilà une nouvelle qui m’enchante ! Mais si elle est ton amie, tu dois savoir qu’il est impossible de la tenir enfermée. Elle doit se promener au village avec d’autres amis.
Mégane est désarçonnée par cette réponse et tourne son regard méfiant vers sa Grand-mère.
– C’est étonnant effectivement. Sophie est la petite fille d’Archie, je ne me souviens pas que tu aies eu l’occasion de la rencontrer ?
– Mais non Grand-mère, je parle de ma poupée !
– Une poupée ? Ce que tu dis n’a aucun sens. Enfin Mégane, qu’est-ce qu’il t’arrive ?
Mégane est complètement désarçonnée par le regard courroucé de sa Grand-mère. Elle sent l’émotion la submerger et des larmes lui monter aux yeux. Elle tourne les talons, juste à temps, pour ne pas pleurer devant eux, et retourne en trombe dans sa chambre.

Sa première réaction est de pousser la commode devant la porte. Hors de question que, qui que ce soit, s’approche d’elle. Mégane a la sensation de s’être réveillée en plein cauchemar. La situation est grave, et elle ne peut plus compter sur personne. Même sa Grand-mère semble l’avoir abandonné. Mégane est dépitée, elle se laisse glisser au sol, envahie par une vague de désespoir.
– Qu’est-ce que je vais devenir?
Elle se recroqueville sur elle-même, les mains dans la poche ventrale de son Sweat lorsque ses doigts rencontrent un objet dur qu’elle avait complètement oublié. Elle attrape l’objet et le sort de sa poche. C’est le livre qu’Hector l’avait poussé a subtiliser dans la bibliothèque d’Archie.
« L’île au trésor » de Robert Louis Stevenson. Mégane l’observe, interdite. Elle le feuillette avec une curiosité désespérée, et en toute fin d’ouvrage, elle tombe sur une étrange carte. Ce qui attire l’attention de Mégane, c’est que cette carte semble avoir été dessinée à la main. Et à la regarder de plus près, elle trouve, dans la mention de trois royaumes présentés, des similitudes étranges avec les lieux qu’elle a récemment visité. Le premier est nommé « Royaume du Château noir, le second « Royaume des Esprits », et le dernier « Royaume de la Reine Maudite ». Les illustrations sont simples, mais Mégane y reconnaît distinctement la tour du Château d’Archibald, la cabane de la forêt où elle a rencontré Athéna dans le monde des Esprits, et enfin… Le paysage des marais salants qui résident a quelques kilomètres, à peine, de la maison de sa Grand-mère. Mégane reste plusieurs minutes, figée devant la page.

– C’est parfait, Mégane, la carte est enfin complète !
Mégane lâche un cri de surprise et s’écarte prestement de la commode, comme si une bombe venait d’y exploser !
– Ohlala ce que tu peux être nerveuse par moments…
– Hector ? Tu es là ?
La voix de Mégane se brise, ses nerfs lâchent, ça fait beaucoup trop d’émotions pour un début de journée !
– Oui, Archie m’a sous-estimé, je n’aurais pas pris le risque de me rendre avec toi dans le monde des morts si je n’avais pas été sûr de pouvoir en revenir.
Mégane s’approche d’Hector et lui ouvre les bras. Il s’y blottit et se serre contre son cœur en ronronnant, conscient que la fillette a besoin de réconfort.
– Je suis si heureuse de te voir, lui dit-elle, des sanglots dans la voix. Je ne sais plus quoi faire. Archie est dans la cuisine avec Grand-mère. Et elle ne se souvient pas de Sophie. Je ne comprends plus rien a ce qu’il se passe !
– Archie est ici ? Il a été bougrement rapide ! Ta Grand-mère est certainement sous l’emprise d’un sortilège et si Archie est avec elle, c’est qu’il s’est aperçu de la disparition du livre. Nous n’avons pas beaucoup de temps. Refais voir la carte pour voir ?
Mégane lâche Hector et tout deux s’installent cote à cote sur son lit. Elle rouvre le roman à la page de la carte et découvre avec stupeur un triangle rouge lumineux qui n’était pas la, l’instant d’avant. Les yeux ecarquillés, elle observe la forme écarlate qui relie chacun des trois royaumes, désignant en son centre un lieu identifié par une étoile.
– Ca alors ! Ce triangle n’était pas là il y a une minute !
– C’est normal, la carte a été activée par ton passage dans chacun des trois royaumes. Elle va pouvoir maintenant nous révéler où se cache le trésor de ta famille…

La suite des d’ici une quizaine… A très vite !

Le mot du WE : RACONTER

Si vous venez sur ce Blog régulièrement, vous le savez, l’écriture est l’un de mes sujets de prédilection. Raconter des histoires n’est pas une activité que je prends à la légère, car je crois profondément au pouvoir des mots. Les histoires modèlent nos vies. Celles que l’on invente pour les autres, celle que l’on s’invente pour soi. Ne jamais sous-estimer la puissance des histoires, car aucune n’est jamais totalement fiction.

Devenir écrivain pour moi, loin de n’être « que » l’auteur d’un roman, c’est avant tout une posture, qui consiste à respecter l’écriture, et lui donner une place centrale dans sa vie. C’est ce que je m’emploie à faire, même si je sais que je n’ai pas encore totalement trouvé mes marques sur le sujet. Je cherche encore comment m’approprier totalement cette facette de moi-même. Mais cela ne gâche pas mon plaisir, bien au contraire, et je reste, plus que jamais, fascinée par tout ce qui touche à l’écriture, la lecture, l’univers des livres, les histoires. Et pour ce WE, je voulais vous partager deux histoires fondatrices, qui m’ont profondément marqué, et qui ne cessent de m’inspirer sur le chemin de ma propre expression. J’espère qu’elles pourront également vous plaire.

La Magie des mots (Magic Beyond Words)

Harry Potter fascine des millions de lecteurs partout dans le monde, mais le plus fascinant pour moi, reste l’histoire de son autrice. L’histoire d’une jeune femme en galère, qui finit par trouver sa voie en allant vers elle-même. Ce récit m’est tellement familier et il constitue un des scenario les plus stimulants pour moi. C’est le type de parcours qui me passionne et m’enthousiasme, car il nourrit tous les espoirs. J’ai adoré cette adaptation, sans prétention, de l’itinéraire personnel de J.K. Rowling. Je vous ai trouvé une version FR complète sur You Tube, même si je vous recommanderais plutôt de le trouver en VO pour plus d’immersion.

Ecrire pour exister (Freedom Writer’s Diary)

Encore une histoire vraie, une histoire incroyable ! Celle d’une professeure de banlieue dans l’Amérique des guerres de Gang qui, par la lecture et l’écriture, va apporter l’espoir à des adolescents déjà condamnés par une société ultra-violente. Cette histoire est la preuve vivante que raconter des histoires est un acte bien plus important que l’on ne l’imagine, un acte de résistance et de liberté ! Le film qui a été tiré de cette histoire n’est pas parfait, mais il a le mérite de témoigner de ce message si important pour moi: les histoires peuvent sauver des vies ! Et pour en prendre pleinement la mesure, je vous recommande la conférence TeDX qui donne la parole à Erin Gruwell, la professeure à l’origine de toute l’histoire. Une femme sensible et forte, qui par son humanité a su inspirer ses élèves à changer leur propre histoire.

Et vous? Quelles histoires vous inspirent? Quelles histoires aimeriez-vous écrire?
Un merveilleux WE à vous, nourrit de créativité et d’écriture !

Un trésor de famille – Episode 9

Pour ceux qui auraient loupé le début de l’histoire.

Mégane, Hector et Athéna sont de retour au château, celui d’Adrien, dans le monde des esprits. Un château qui ressemble à s’y méprendre à celui d’Archibald depuis lequel Mégane est parvenue jusqu’ici, mais l’ambiance y est très différente. Athéna connaît les coulisses du château comme sa poche et les conduit sans encombre jusqu’au caisson métallique renfermant la plume magique en passant par un passage connue d’elle seule. Mégane, Hector et Athéna se retrouvent, comme hypnotisés par la lumière multicolore qui se diffuse au travers de l’épaisse paroi de verre.
– Ohlala, comme elle est belle !
– C’est une plume très rare, elle provient d’un Paon céleste. Il n’en existe plus que quelques-unes dans le monde, car les paons célestes ont malheureusement disparu.
– Pourquoi Archibald et Adrien se disputent-ils cette plume ? Je doute que les deux frères s’intéressent aux animaux rares.
– En effet. Cette plume a un pouvoir magique. Celui de rendre réelle toute histoire écrite avec sa pointe. L’imagination crée et la plume fait exister.
– Tu es sûr de toi, Hector ? Cela paraît incroyable.
– Je crois qu’Athéna et moi sommes bien placés pour le savoir. Comment crois-tu que nous soyons devenus un chien et un chat ?
Athéna se rapproche de la porte principale de la pièce et renifle le mince filet d’air qui passe dessous.
– Dépêchons-nous mes amis, je sens la présence d’Adrien à proximité. Il doit nous attendre au bas de l’escalier qui monte à cette tour, car il ne connaît pas le passage secret que je vous ai fait prendre.
– OK, dans ce cas il n’y a plus qu’a casser la vitre de ce coffre pour récupérer la plume et nous enfuir aussi vite que possible par là ou nous sommes arrivés.
Mégane inspecte le reste de la pièce, a la recherche d’un objet qui lui permette de forcer la serrure du coffre. Elle repère rapidement un vieux tisonnier à proximité de la cheminée en pierre. Elle le prend en main pour jauger de son poids et retourne près d’Hector et Athéna.
– Je crois que nous n’avons pas le choix. Je vais essayer de casser cette vitre. Je ne suis pas sure d’en avoir la force, mais je ne vois pas d’autres solutions.
Les trois amis retiennent leur souffle, conscients que cette tentative désespérée et leur dernière chance de retrouver leur apparence et de quitter le monde des Esprits.

Le bruit tonitruant généré par le choc prend tout le monde par surprise. Le tisonnier, loin de faire la moindre égratignure sur le verre, rebondit avec un son de cloche ultra puissant qui souffle Mégane, Hector et Athéna comme des fétus de paille. Ils sont projetés avec force contre les murs de l’étroite Tour et sont sonnés aussi bien par le volume du vacarme que par le choc. Lorsqu’ils relèvent enfin la tête, le sosie d’Archibald se tient devant eux, un sourire satisfait sur le visage.
– Bonjour mes amis. Il me semble que vous m’avez sonné ? Dit-il avant de partir dans un grand rire effrayant.
Mégane est terrorisée. Elle sent son corps comme paralysé. Hector et Athéna à ses cotés ne semblent pas être en meilleure forme. Sa peur monte d’un cran quand elle se rend compte qu’elle ne parvient plus a bouger ne serait-ce qu’un seul de ses doigts.
– Ma Chère Athéna, quand comprendras-tu que la fréquentation de ton chat de fiancé est une mauvaise fréquentation ? Mais qui voila ? Une fillette ? Archibald perd vraiment tout sens commun s’il croit qu’une enfant peut s’emparer de ma plume !
Adrien s’approche de Mégane et lui relève le visage pour la regarder de plus près. La pauvre Mégane n’a plus la force de bouger et elle se retrouve impuissante les yeux tout à coup rivés à ceux d’Adrien.

Pendant un instant, rien ne se passe. Le temps est comme suspendu. Adrien lui-même semble tétanisé. Son regard détaille frénétiquement les contours du visage de Mégane et ses lèvres commencent à s’agiter avec des paroles décousues et incompréhensibles.
– Non… Ici… Ca veut dire… Je croyais… Comment est-ce que… Abigaël, est-ce toi ?
Mégane voit le visage de son interlocuteur se métamorphoser sous ses yeux. Un visage duquel toute méchanceté et toute colère ont tout à coup disparu.
– Abigaël, qu’est ce que tu fais ici ? Tu ne devrais pas te promener dans le monde des Esprits. Archibald s’imagine que je vais te donner la plume pour te sauver ? Je ne peux pas faire cela. Je ne peux pas perdre la plume. Elle est tout ce qu’il me reste pour rester en lien avec les autres mondes !
Mégane se tait. Elle a bien trop peur de révéler son identité et de se mettre en danger. Mais Adrien s’approche encore, il tient la torche plus près de son visage pour la scruter.
– Tu n’es pas Abigaël. Abigaël a les yeux bleus, les tiens sont marrons… Qui es-tu ? Réponds !
– Je suis Mégane. Abigaël est le nom de ma Grand-mère. C’est d’elle dont vous parlez ?
Les yeux d’Adrien s’arrondissent et il fait un pas en arrière, comme si elle l’avait frappé.
– Je vois… Je suis stupide, je l’aurais su si Abigaël était morte, elle est donc toujours vivante.
– Bien sûr que ma Grand-mère est vivante ! Comment la connaissez-vous ?
Adrien ne répond rien. Il sort une clé toute tarabiscotée de sous sa large cape et s’approche du coffre pour se saisir de la plume. Une fois dans sa main, la plume change de couleur et devient d’un vert lumineux. Sans un regard vers Hector et Athéna, il s’installe à un petit bureau installé dans le recoin de la pièce et sort une grande feuille qui ressemble a du parchemin.
– Mégane, tu n’as rien à faire ici. Je te renvoie d’où tu viens. Abigaël doit être morte d’inquiétude…

La suite, la semaine prochaine !

Update 15/07/20 – La suite ICI.