Maggie Rogers – Exprimer sa singularité

Au détour de mes pérégrinations pour mieux comprendre la créativité, j’ai découvert le Podcast « Song Exploder » qui s’intéresse à la façon dont certaines chansons ont été composées, vous connaissez ? Le podcaster interroge ses invités musiciens sur l’histoire derrière une chanson en particulier. Et aujourd’hui, je voulais vous partager l’histoire incroyable, que j’ai découvert, derrière la création de la chanson « Alaska » de Maggie Rogers.

Cette jeune chanteuse/compositrice/interprète crée de la musique depuis son enfance. Elle raconte néanmoins comment, pendant plus de deux ans, elle a traversé une sorte de désert créatif au cours duquel elle a décidé d’apprendre à mieux se connaître. Elle a passé cette période à voyager et à rassembler les sons, les ambiances qui la touchaient personnellement, sans autre but que de se constituer une sorte de catalogue d’influences. À son retour en école de musique, elle a finit par assembler tout cela. Toutes ces choses qui l’avaient touché, ont commencé à prendre un sens, et tout cela a relancé son inspiration. « Alaska » est née de ce long cheminement, au cours duquel elle a maintes fois eu l’impression de se perdre, avant de se trouver.

L’histoire de cette chanson ne s’arrête pas là, car le destin a voulu que Maggie ait l’occasion de présenter son travail à Pharrel Williams. L’artiste était invité, au sein de son école, pour écouter certains travaux des élèves, et leur prodiguer des conseils. Et au-delà du buzz que cette vidéo a suscité, et le tremplin qu’elle a certainement constitué pour la carrière de Maggie Rogers, c’est avant tout la réaction de Pharrel Williams et son discours qui m’ont particulièrement marqués. Il parle de la capacité que nous avons, en chacun de nous, de créer quelque chose d’unique et de singulier, pour peu que l’on se donne la peine de chercher qui nous sommes. Parvenir à se détacher d’un résultat que nous aimerions atteindre en nous cantonnant à reproduire ce que d’autres font déjà très bien. Pour cela, il faut avoir le courage de faire des choix qui ne sont pas populaires, mais qui ont un sens pour nous en tant qu’artiste. Je vous mets la vidéo pour que vous puissiez vous réjouir, comme moi, du visage effaré de Pharrel lorsqu’il découvre l’univers de Maggie, et la joie de cette dernière d’être ainsi reconnue dans son unicité.

Explorer sa propre sensibilité. Identifier ce qu’elle a de singulier. C’est loin d’être facile. Mais pour celui qui a une âme d’explorateur, cette quête donne un véritable sens à la vie. Maggie, elle-même, l’exprime particulièrement bien dans ses pages de Journal, qu’elle a partagé à la sortie de ce premier single.

Maggie Rogers – Notes to herself

Et vous, quelle histoire nourrit votre cheminement créatif en ce moment ?

Un trésor de famille : Episode 12

Pour ceux qui auraient loupé le début de l’histoire.

Mégane pédale depuis bientôt une heure. Ni elle ni Hector ne parlent. Le vélo de Mégane avance sous un soleil de plomb qui semble plaquer ses passagers au sol et chaque coup de pédale mobilise toute son énergie. Hector, sagement assis dans le panier accroché au guidon du vélo parait lui-même assommé par la chaleur. Il garde les yeux obstinément fixés sur la route, comme si elle s’apprêtait à lui révéler les secrets qu’ils cherchent. Et puis, au détour du chemin, le paysage change brusquement. La végétation sèche de la lande laisse place à une étendue quadrillée, à l’arrangement rectiligne. Un damier géant, dans lequel les nuages se reflètent par intermittence, comme dans un miroir. Mégane ralentit et finit par poser pied à terre, à quelques mètres du premier emplacement recouvert par l’eau de mer.
– Nous y sommes Hector, les Marais salants.
– Wahoo, j’avoue que je ne m’attendais pas à cela. C’est un paysage lunaire…
– Oui c’est un peu spécial, mais j’aime beaucoup cet endroit, je m’y sens bien. Et maintenant alors ? Qu’est-ce qu’on fait ?
– Je ne sais pas… J’imaginais qu’une fois sur place, nous aurions une sorte d’illumination…
– Mmmm… Cela m’a semblé une bonne idée quand tu en as parlé. Là, j’avoue que je ne sais plus trop où aller.
– Avançons encore un peu, nous trouverons peut-être l’inspiration plus loin ?
Mégane redresse son vélo et s’enfonce un peu plus dans les Marais, la où le chemin est maintenant bordé, de part et d’autre, de ces bassins rectangulaires si caractéristiques. Mégane et Hector scrutent les environs, le bruit distinct des pneus sur le gravier du chemin empli tout l’espace, renforçant encore cette impression de vide.
– Je ne sais pas à quoi nous pensions, il n’y a rien ici, ce n’est qu’un grand dessert de sel et d’eau…

– Là !
– Quoi, là ?
– La maison, tu ne la vois pas ?
Mégane oblige ses yeux à forcer le barrage de lumière qui lui obstrue la vue pour distinguer une forme noire qui semble effectivement émerger de cet espace immaculé.
– Tu es sûr que c’est une maison ? Qui habiterait en plein milieu du Marais ?
Hector s’agite dans son panier et finit par sauter au bas du vélo.
– Il nous faut aller voir de plus prêt. Tu viens ?
Mégane et Hector slaloment entre les différents bassins, portés par l’espoir d’une découverte à venir. Ils gardent la maison à l’horizon comme point de mire, mais elle reste cet animal étrange à l’horizon qui refuse de se laisser approcher. En se retournant, Mégane estime le chemin parcouru.
– Cela fait plus d’un quart d’heure que nous marchons, je ne vois même plus le vélo, par contre la maison parait toujours aussi loin… C’est pas normal !
– Non… Je suis d’accord… Peut-être que c’est un mirage ? Cet endroit ressemble déjà tellement à un désert… Refais voir la carte du livre, s’il te plait Mégane?
Mégane farfouille un instant dans le sac en tissus qu’elle a emporté avec elle, et en sort le livre de Stevenson. Elle l’ouvre en toute fin d’ouvrage pour consulter la carte, mais le papier est si blanc qu’il aveugle Hector & Mégane l’espace d’un instant. Mégane finit par poser le libre au sol pour s’interposer entre le soleil et les pages du livre.

Le triangle écarlate entre les trois royaumes émergent finalement de la page, mais cette fois une étrange tache noire est apparue entre l’image des Marais Salants et celle de la Cabane de la forêt.
– Qu’est-ce que c’est que cette tache, elle a une forme bizarre…
Hector se rapproche et frotte la forme indistincte de sa patte, mais a sa grande surprise, la tache apparaît alors sur sa patte, comme si elle pouvait sauter d’une matière à l’autre.
– Qu’est-ce que… Quoi ?
Mégane approche sa main à son tour et lorsqu’elle tente de toucher la tache, celle-ci apparaît également sur sa main.
– C’est une ombre !
Mégane se relève aussitôt et laisse le soleil inondé la page de sa lumière. La tache a disparu. Et elle réapparaît à chaque fois que Mégane ou Hector se met en travers de la lumière du soleil pour protéger la page.
– Étonnant… Tu crois que cela veut dire quoi ?
– Aucune idée. Par contre, regarde, il me semble que la cabane symbolisant le « Royaume des Esprits » est plus grosse qu’auparavant.
– Ah oui, tu as raison…
– Comme si nous nous étions rapprochés ?
– Tu crois?! Ah oui, ça se pourrait bien ! Et cette tache, ça serait…
– Nous ! La carte réagit comme un GPS…
– Si c’est ça, cela voudrait dire que nous sommes en train de suivre les contours du triangle lorsque nous devrions nous diriger vers son centre.
Cette découverte bouscule complètement les plans de Mégane et Hector qui relèvent la tête en même temps dans la direction que la carte indique pour le « Royaume du Château Noir ».
– Ça alors, tu vois ce que je vois ?
– La Tour du château d’Archibald !
– Nous sommes sur le bon chemin Mégane. Nous n’avons pas besoin d’aller jusqu’à cette maison, elle n’est qu’un repère. Il ne nous reste plus qu’a couper à travers champs, en direction de la tour, pour nous rapprocher du centre du Triangle et de l’emplacement du trésor…

La suite d’ici une quinzaine de jour ! A très vite…

Je suis douée en sport !

Vous le savez, je porte une attention particulière aux histoires, et en ce moment, je m’intéresse de plus près à celles que je véhicule sur moi. Il y a les histoires qui me rassurent, celles qui m’encouragent, mais aussi, parfois, des histoires obsolètes que je continue de colporter à mes dépens. Cet article, j’étais à deux doigts de l’intituler « Je suis nulle en sport », car tel est le scénario qui se joue dans ma tête depuis le collège. Pourtant, quand je prends un peu de recul, je constate que j’apprécie de me bouger, que j’ai plutôt une bonne endurance et une tonicité naturelle, qui, si je les utilisais à leur juste mesure, pourraient me permettre de déployer une pratique sportive épanouissante. Pourtant, sous couvert d’une auto dérision à laquelle je me suis habituée, je m’aperçois que je participe activement à faire perdurer, malgré moi, des pensées limitantes. Et le trait d’humour passé, je me rends compte qu’il reste toujours quelque chose de ces mots, exprimés sans vraiment les penser.

« Que vous pensiez être capable ou ne pas être capable, dans les deux cas, vous avez raison »

Henry Ford

Depuis quelques années maintenant, je fais du Yoga de manière régulière et cette pratique m’a fait énormément progresser dans la conscience de mon corps et de ses capacités. Je me suis notamment pas mal améliorée en matière de souplesse , mais il reste, malgré moi, un sujet sur lequel je n’évolue pas, c’est celui de la force physique. Et le plus étonnant, c’est qu’à chaque fois que je pourrais avoir l’occasion de la développer, mon mental abdique souvent bien avant que mon corps ait montré ses limites. Mon mental me renvoie ce message qui me semble de plus en plus aberrant :

«  tu es faible physiquement, et surtout, tu n’es pas capable de développer de la force »

D’où me vient cette idée? Et surtout, pourquoi continuer de l’entretenir alors que, manifestement, elle m’empêche d’aller de l’avant et de déployer un potentiel qui reste inexploité ?

Nous parlions ce WE avec une amie, de l’importance du mental dans la pratique sportive, et elle me relatait un épisode de Kohlanta qui l’avait particulièrement marqué. Si vous êtes un adepte de l’émission, l’épreuve des « poteaux » ne vous est pas inconnue. Elle consiste à rester sur un promontoire dont on enlève progressivement de la place pour s’y tenir debout. Cet exercice est beaucoup plus physique qu’il n’en a l’air, car il demande une grande maîtrise de son corps pour gérer son équilibre, mais il est avant tout un exercice mental.

Ne pas laisser son esprit entamer sa confiance, ne pas l’écouter lorsque les messages qu’il relaie sont contraires à nos projets, c’est un exercice à part entière. Pour ma part, la pratique du Yoga et de la méditation ont constitué des alliés précieux sur ce chemin difficile, car ils me permettent justement de prendre le recul nécessaire à une meilleure conscience de cette annexion du corps par le Mental. C’est le point de départ essentiel pour tenter une ré-écriture de ce scénario qui m’empêche d’accéder à mon potentiel. Aujourd’hui, j’ai envie de vivre une nouvelle histoire. Une histoire dans laquelle je pourrais profiter de mes capacités naturelles, mais aussi dans laquelle j’aurais plaisir à les développer pour m’épanouir pleinement. Une histoire qui dirait :

« Je suis douée en sport. J’ai une capacité à apprendre et à apprécier mes progrès, quel que soit le niveau auquel je me trouve. »

Cette épreuve des poteaux, j’ai le sentiment de l’avoir déjà vécu, plusieurs fois, à ma manière. Et certainement que vous aussi? Ce sont ces défis récurrents qui interviennent à chaque fois que je me confronte à mes propres limites. Mais dorénavant, j’ai une alternative à mes vieux schémas, un nouveau scénario auquel me raccrocher quand le doute reviendra frapper à ma porte mentale. Je crois qu’il s’agit de lâcher la volonté, trop facilement ébranlée par les pensées limitantes, et de la remplacer par une confiance que je vais devoir nourrir, au jour le jour. M’ancrer dans mon nouveau scénario jusqu’à ce qu’il remplace l’ancien. Le travailler comme un muscle à part entière.

Et vous ? Quels sont les histoires que vous vous racontez et qui vous limitent? Vous sentez-vous prêt.e pour la prochaine épreuve des poteaux? 😉