La poésie qui fait du bien aux femmes

Lire de la poésie est une nouvelle activité pour moi. En réalité, j’ai commencé à en lire de manière plus régulière pendant le premier confinement. Ce fut l’un des meilleurs bénéfices collatéraux de cette période ! J’ai donc pensé, que ce deuxième confinement était le moment idéal pour vous partager le bonheur que j’ai trouvé dans ce format littéraire qui peut paraître un peu désuet, mais qui renferme des trésors inestimables.

« Women are some kind of magic » est une trilogie de recueils de poésie sur les thèmes de l’abus, de la violence faite aux femmes et surtout de la reconquête de leur puissance propre. J’ai découvert Amanda Lovelace à l’occasion de mes recherches sur le féminisme et de la littérature qui encourage les femmes dans leur quotidien. À ce jour, ces petits livrets ne sont malheureusement pas encore traduits en français, mais je vous en partage quelques morceaux choisis dont la compréhension devrait être assez accessible pour tous les niveaux.

La spécificité de la poésie pour moi, c’est son intensité. En quelques mots à peine, on est touché. La rime n’est pas obligatoire. L’émotion en revanche est au cœur de chaque phrase. Le sens est secondaire, car ce qui compte, c’est d’ouvrir son cœur à la beauté des mots. À la musique de la langue. Aux résonances qui nous soulèvent le corps et l’âme. Et quand en plus le message qu’il révèle est un hymne à la puissance des femmes, il devient une incantation, une véritable magie qui a pour but de matérialiser un monde meilleur et plus juste pour toutes et pour tous.

Le féminisme que cette poétesse exprime dans son art consiste à encourager les femmes à prendre leur autonomie. Pas dans un désir d’indépendance farouche vis a vis des hommes, mais plutôt dans un souci d’égalité et d’harmonie. Hommes et femmes, nous avons tous droit à déployer le meilleur de nous-même. Ces trois recueils s’emploient à ré-écrire les scénarios de vie qui ont depuis trop longtemps muselé la puissance des femmes. Cette nouvelle mythologie de la Princesse, de la sorcière et de la sirène, crée de nouvelles références, enfin positives, pour reconstruire une réalité qui soit plus fidèle aux valeurs de respect et d’entraide que chaque être humain est en droit de vivre au quotidien.

J’ai trouvé la lecture de cette poésie à la fois vivifiante et apaisante. J’espère qu’elle pourra également vous plaire. N’hésitez pas à me faire part de vos réactions. Je suis également preneuse de vos recommandations sur les lectures qui nourrissent votre propre cheminement féministe.

Trouver son espace de résilience

Pendant longtemps, j’ai cru que la résilience, c’était serrer les dents, en attendant que ça passe. Avec le temps, j’ai compris que « ça » ne passe pas. La tristesse. La souffrance. Le malheur. Un moment sans quelque chose qui vrille, sans un imprévu qui remet en cause nos beaux projets, c’est finalement assez rare. On vit, on rit, on souffre, dans un même souffle. Ces instants douloureux font partis de la vie. Ils constituent un lierre sombre, épais, rampant, qui fragilise notre bel édifice de vie. Il tente de le grignoter peu à peu. Mais ce lierre est aussi solide, lumineux et beau, par bien des aspects. Et au final, il maintient notre édifice debout malgré les fissures, dans un amalgame majestueux de feuilles et de pierres. Reconnaitre cette interdépendance, la cruauté de cette réalité, c’est accéder à une forme d’équilibre que l’on appelle « résilience ». Évidemment, ce n’est pas ce que l’on a envie d’entendre, lorsque l’on traverse un moment particulièrement difficile. Pourtant, accepter que notre douleur nous renforce, est justement ce qui nous permet d’accéder à la vie dans son entièreté. Pourquoi est-il si difficile de lui ouvrir les bras ? Et bien certainement parce que la résilience tue l’espoir d’un avenir sans problème. Cela semble un prix élevé à payer, pour ce qui n’était pourtant qu’une illusion. Par ailleurs, la contrepartie est de nous éviter l’erreur mortifère d’attendre des jours meilleurs pour commencer à vivre.

« La vie, ce n’est pas d’attendre que l’orage passe, c’est d’apprendre à danser sous la pluie. »

Sénèque

La résilience prend donc place, dans l’interstice entre deux pierres de la vie que nous construisons au jour le jour. Un tout petit endroit, pas forcément visible à première vue, mais qui contient néanmoins le terreau suffisant pour une graine de germer. Un espace qui existe déjà, ou bien que l’on se crée, avec les dents s’il le faut. Un écosystème où la vie peut renaître. Où la beauté peut se déployer au milieu du béton. Au lendemain de cette annonce de re-confinement d’un mois, je pars en quête de cet ailleurs. Et mon espace de résilience, je crois qu’il se révèle dans les articles de ce Blog, entre les pages de mon journal. À la plume de mes mots qui expriment les chamboulements internes que ces bouleversements déclenchent. Dans les mots des autres également. Ceux que je découvre dans les livres que j’ai sélectionné spécialement pour ces quelques semaines. Des ouvrages que je ne serais pas allée chercher sans cet isolement forcé.

Et vous ? Dans quoi trouvez-vous votre espace de résilience ?

La véritable histoire d’Adam & Eve

Vous en avez pas marre vous, que l’on brandisse le péché originel comme la preuve irréfutable de la perfidie des femmes ? D’où nous vient cette histoire ? Si Adam et Eve étaient les deux premiers humains sur la terre à cette époque alors quel est ce narrateur qui a pondu ce ramassis de C…. À ma connaissance, le seul être vivant dans les parages était ce fameux serpent qui a soufflé à Eve de croquer la pomme. C’est quand même dingue de donner autant de crédit à un serpent qui s’est pris pour un journaliste de presse people, trop heureux de pourrir la réputation d’Eve, et avec elle, celle de toutes les femmes, de la Création du monde à nos jours !
 
Il se trouve que, de part mes vies antérieures, je suis la descendante du petit scarabée qui s’était posé juste à coté de la pomme, qu’Eve a décidé de croquer. Je peux donc vous raconter, en détails, comment ça c’est VRAIMENT passé. Déjà, les serpents ne parlent pas. Au mieux, ils sifflent. Donc je peux vous dire que le serpent n’a rien a voir avec le fait qu’Eve ait eu l’envie de croquer la pomme. Bref, je vous raconte l’histoire comme mes ancêtres coléoptères me l’ont donc transmise :

En réalité, Eve était une femme aventureuse et curieuse du monde qui l’entourait. Elle aimait tout particulièrement se lever très tôt dans le jardin d’Eden, bien avant Adam, pour flâner à son gré et s’émerveiller de la Nature qu’elle découvrait. Je vous rappelle que pour elle, c’étaient ses premiers jours dans ce Paradis et elle appréciait tout particulièrement de remarquer les changements qui ne manquaient pas de s’opérer dans la nature sauvage de ce jardin. Et ce matin-là, quelle ne fut pas sa surprise de découvrir ce fruit rouge dans l’arbre qui était couvert de si jolies fleurs il y a encore quelques semaines. À son réveil, Adam la rejoint et elle lui montre sa trouvaille. Tout deux restent interdits un moment devant cette nouveauté (on notera ici, que le mot “interdit” ne désigne aucunement une quelconque interdiction). Après quelques hésitations, Eve tend la main et se saisit du fruit. Il exhale une odeur douce et appétissante qui suscite en Eve une intuition fulgurante : elle sait qu’il s'agit d'un fruit comestible et savoureux. Elle croque dedans et se régale de sa saveur inédite. Adam est impressionné par l’audace de sa compagne et devant son air ravis, décide de gouter la pomme à son tour. Une expérience nouvelle, une envolée des papilles gustatives! Et tout comme Eve, il se délecte de ce fruit miraculeux. Ce qu’Adam et Eve ne savent pas, c’est qu’ils se trouvent dans le jardin de la Connaissance, au sein duquel, chaque fruit ouvre les portes des perceptions. Au bout de quelques minutes, Adam et Eve ressentent un changement s’opérer en eux sans véritablement parvenir à l’identifier. Ce besoin se précise, et ils décident de se trouver des vêtements pour s’habiller et soustraire leur corps au regard des autres êtres des lieux. Ils expérimentent ainsi, à la faveur du soleil couchant le plaisir nouveau de se dé-couvrir et s’émerveillent de la beauté singulière de leurs deux corps. Les dieux viennent de leur faire le cadeau de l’intimité.
- À quoi ça sert ? Demande Adam, toujours soucieux de comprendre le pourquoi des choses.
- À créer du lien, répondent les dieux.
- Viens avec moi, lui dit Eve.
Adam tourne un regard curieux vers Eve qui l’invite à la suivre, la main tendue vers lui, un sourire malicieux aux lèvres. C’est un jour faste pour Adam et Eve, car en plus de l’intimité, les dieux ont trouvé judicieux de leur apprendre également le consentement. ;)
Pour récompenser Eve de son initiative, prouvant son ouverture au monde et la confiance qu’elle porte à son intuition, les dieux lui octroient le pouvoir de donner la vie, en prenant soin de laisser à Adam sa part de responsabilité dans la conception de tout nouvel être. 
- Ils ne seront pas trop de deux, pour assumer la tâche d’élever leurs enfants, s’accordent les dieux.
Riches de ces nouveaux enseignements, Adam et Eve décident de transmettre à leurs descendants, le respect du corps de l’homme aussi bien que celui de la femme, la beauté qui découlent de leurs différences, et l’importance d’accueillir chaque nouveau fruit de la Nature comme le plus beau des cadeaux.

Oubliez l’ancienne histoire, qui n’était qu’un malentendu stupide. L’histoire vue par les yeux du Serpent a malheureusement amené confusion et conflits entre hommes et femmes. Il n’est pas trop tard pour rétablir la vérité, et ré-écrire notre histoire. Une Génèse dans laquelle l’homme et la femme sont à égalité, et vivent dans l’harmonie de leurs différences. Après tout, ne sommes-nous pas auteurs de nos vies ? 😉