Emotions – Enquête & mode d’emploi (BD)

Les émotions constituent un sujet central dans la vie humaine. Et pourtant, on en parle peu, ou quand on le fait, on en parle mal. Il faudrait savoir mieux « gérer » ses émotions, les « canaliser », les « contrôler ». J’ai souvent l’impression d’entendre parler d’un mal sournois, qui peut surgir à tout moment dans nos vies, et dont il nous faudrait se méfier. Quand on ne tombe pas dans la représentation mièvre et naïve des bisounours, qui incarnent une vision ridicule et honteuse des émotions, qu’il faut absolument cacher ! On finit par les redouter, ou pire, les voir comme des ennemies à combattre.

Non seulement, cette représentation est FAUSSE, mais c’est surtout une perception qui endommage notre relation à nous-même. Car les émotions font partie intégrante de notre humanité, et les considérer comme des ennemies, revient à se rejeter soi-même. Sur le modèle des maladies auto-immune* : en bridant nos émotions, on détériore, malgré nous, l’une de nos plus grandes ressources. Je dis STOP à cette représentation mortifère.

Je vous propose de renouer avec la richesse et la force des émotions. Pour cela, je vous présente la lecture éclairante de 3 BD, créées par la talentueuse Art-Mella. Car le premier pas vers cette re-connexion aux émotions, peut venir d’une meilleure compréhension. Mieux les comprendre, pour mieux SE comprendre, et pour s’accueillir dans son entièreté, et en toute bienveillance.

POUR QUI ?
Je vous recommande tout particulièrement ces BD, dans les cas suivants :
– Les émotions ne sont pas un sujet dans votre vie. Vous ne vous en préoccupez pas. C’est fantastique, un univers riche et foisonnant peut s’ouvrir à vous ! C’est une belle opportunité de développer votre intelligence émotionnelle.
– Vous avez eu une éducation stricte qui vous a éloigner de cette connexion à vous-même. C’est l’occasion de renouer avec cette relation à vous-même et à ce qui nourrit votre humanité.
– Vous vous savez hypersensibles, et vous avez du mal à trouver la bonne distance pour accueillir pleinement le cadeau de cette sensibilité. Ces livres vont vous apporter un nouvel éclairage sur vos fonctionnements internes.

RECOMMANDATION
Si vous vous décidez à acheter ces BD, je vous recommande de le faire directement depuis la boutique d’Art-Mella. Je trouve important de soutenir les artistes indépendants en les rémunérant à la source, dès que c’est possible. Merci pour elle !

Une belle lecture à vous, et à très vite !

*Les maladies auto-immunes résultent d’un dysfonctionnement du système immunitaire, conduisant ce dernier à s’attaquer aux constituants normaux de l’organisme.

Recommencer

Empêchée, enchaînée dans les liens du Passé.
Trop loyale, trop soucieuse d’être aimée,
Trop prompte à m’oublier, à me laisser absorber.
Par lui, par elle, par toute personne qui m’aime.
Je suis à toi, je ne m’appartiens déjà plus.
Je me perdais dans tes bras et je n’en ai rien su.

Depuis ton départ, j’apprends à renaître.
J’apprends à respirer, à vivre par moi-même.
Jusqu’à la prochaine rencontre.
Je la redoute, je l’appelle de mes vœux.
Mon cœur s’emballe à l’idée de vibrer à nouveau,
De sentir les ailes d’un autre me frôler, de toucher sa peau.

J’aurais pu t’aimer, je n’en ai rien fait.
J’ai préféré prétendre, faire comme si.
J’ai préféré passer le reste de mes jours à t’attendre, à bousiller ma vie.
Mais il n’est pas trop tard, je veux encore y croire.
Me coucher dans mon lit avec cet espoir.
Ouvrir un œil curieux aux premières lumières de l’aube,
Et sentir la vie, peu à peu, revenir…

- fA170820

La liberté de créer

« Quel que soit son domaine de création, le véritable esprit créatif n’est rien d’autre que ça : une créature humaine née anormalement, inhumainement sensible. Pour lui, un effleurement est un choc, un son est un bruit, une infortune est une tragédie, une joie devient extase, l’ami un amoureux, l’amoureux est un dieu, et l’erreur est la fin de tout. Ajoutez à cet organisme si cruellement délicat l’impérieuse nécessité de créer, créer, et encore créer – au point que sans la possibilité de créer de la musique, de la poésie, des livres, des édifices, ou n’importe quoi d’autre qui ait du sens, il n’a plus de raison d’être. Il doit créer, il doit se vider de sa créativité. Par on ne sait quelle étrange urgence intérieure, inconnue, il n’est pas vraiment vivant à moins qu’il ne soit en train de créer. »

Pearl S. Buck

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été cette personne ultra-sensible qui ressent les choses avec une telle force, qu’elle doit, en permanence, trouver des moyens pour se protéger de la violence qui l’entoure. C’est la raison pour laquelle je ne suis plus l’actualité dans les média, que je regarde de moins en moins de Série TV, et que je reste éloignée des grosses productions cinématographiques. Tous ces endroits où la surenchère d’émotions est de mise, car je n’arrive tout simplement pas à supporter un tel niveau de sollicitations.

Pendant longtemps, j’ai donc considéré cette ultra-sensibilité comme un défaut, surtout qu’autour de moi, on ne prenait pas trop au sérieux mes réactions. J’avais besoin de m’endurcir, de prendre les choses moins à cœur. Comme si c’était un choix, comme si j’avais décidé tout ça. Alors, j’ai appris à cacher ce que je ressentais, à défaut de pouvoir m’empêcher de ressentir tout court. J’ai appris à éviter les situations qui me faisaient trop mal. Mais au fond de moi, je me sentais anormale, handicapée, vulnérable. Et ma sensibilité n’a fait que grandir, à l’intérieur, prisonnière de moi-même.

« Tout le monde est un génie. Mais si vous jugez un poisson à sa capacité à grimper aux arbres, il vivra toute sa vie en croyant qu’il est stupide. »

Albert Einstein

Et puis je me suis remise à écrire. Et puis j’ai eu envie de me reconnecter à ma créativité, et toute ma perception de la sensibilité a changé. Car être écrivain, photographe, peintre, artiste, c’est donner un sens à toutes ces émotions. C’est apprendre à s’apprivoiser soi-même, et donner enfin la parole à ce que l’on ressent. J’ai compris qu’un poisson n’est vraiment vivant que lorsqu’il retrouve l’eau. Et j’ai surtout compris combien il était dommageable de me reprocher de ne pas savoir grimper aux arbres. Nous avons chacun nos caractéristiques. Des environnements dans lesquels nous nous sentons plus ou moins à l’aise. Trouver son monde, c’est se donner les moyens de déployer ses talents, et l’opportunité de s’épanouir pleinement.

Pourtant, tout n’est pas si simple. Car, même si, par le biais de la créativité, un nouveau monde s’est ouvert à moi, c’est un environnement nouveau, dont je ne connais pas les codes, et je ne peux m’empêcher de m’y sentir (aussi) étrangère. J’ai passé tellement d’années à me persuader que je devais savoir grimper aux arbres qu’une fois dans l’eau, je reste sur mes gardes. Que ce soit par le biais de l’écriture de mon roman, de celle de mes textes, de la photographie, je n’ose pas aller trop loin. Je fais quelques brasses, et je ne peux m’empêcher de me retourner en permanence vers la rive, soucieuse de ne pas trop m’éloigner de ce que je connais si bien. Je me sens un peu comme ces enfants loup, élevés par les animaux, et incapables de se ré-insérer dans un monde civilisé. Sauf que pour ma part, c’est un peu l’inverse qu’il se passe. Car ce que je pressens, c’est que la créativité me pousse à retrouver ma nature sauvage. Une nature que l’on a mis tant d’efforts à dompter, par mon éducation, mais aussi par mon propre acharnement à correspondre à un monde qui n’était pas le mien.

À ce stade, il reste compliqué pour moi de me sentir vraiment libre de créer, alors que j’en ressens indiscutablement les bienfaits. Finalement, ce que j’ai découvert, ce n’est peut-être pas un nouveau monde, mais un nouveau chemin. Mon univers, reste à inventer. Avec mes caractéristiques de poisson, et mon expérience dans les arbres. L’histoire d’un poisson qui s’était pris pour un singe, et qui cherche encore dans quel habitat il pourra véritablement s’installer, pour vivre pleinement sa vie.

Et vous, vous sentez-vous libre de créer ? Êtes-vous dans un environnement qui vous y encourage ?