Il meurt lentement – Pablo Neruda

Ces textes que j’aurais voulu écrire. Ceux qui parlent à mon âme. Ceux qui ont su exprimer des émotions indicibles. Je suis persuadée qu’ils constituent une trame qui, mise bout à bout, compose un peu de notre univers. Un tissu doux et soyeux qui nous entoure et nous protège. La source de notre propre pouvoir de création.

Il meurt lentement
celui qui ne voyage pas,
celui qui ne lit pas,
celui qui n’écoute pas de musique,
celui qui ne sait pas trouver
grâce à ses yeux.

Il meurt lentement
celui qui détruit son amour-propre,
celui qui ne se laisse jamais aider.

Il meurt lentement
celui qui devient esclave de l’habitude
refaisant tous les jours les mêmes chemins,
celui qui ne change jamais de repère,
Ne se risque jamais à changer la couleur
de ses vêtements
Ou qui ne parle jamais à un inconnu

Il meurt lentement
celui qui évite la passion
et son tourbillon d’émotions
celles qui redonnent la lumière dans les yeux
et réparent les cœurs blessés

Il meurt lentement
celui qui ne change pas de cap
lorsqu’il est malheureux
au travail ou en amour,
celui qui ne prend pas de risques
pour réaliser ses rêves,
celui qui, pas une seule fois dans sa vie,
n’a fui les conseils sensés.

Vis maintenant!
Risque-toi aujourd’hui !
Agis tout de suite !
Ne te laisse pas mourir lentement !
Ne te prive pas d’être heureux !

Quel livre ? D. Foenkinos

« Il y a des théories sur le rangement des livres.  Notamment celle du bon voisinage. Le livre que l’on cherche n’est pas forcément  celui que l’on doit lire. Il faut regarder celui d’à côté. »

David Foenkinos

Lire c’est bien, mais trouver une lecture qui ait un sens, c’est mieux. Depuis quelques temps, je choisis mes livres plus en conscience. Ce la ne veut pas dire avec plus d’attentes, mais plutôt en suivant davantage mon intuition. C’est cela que je vois dans cette citation de David Foenkinos : l’invitation à faire des choix surprenants, lacher la logique, et peut-être, faire une rencontre inattendue.

Bilan lecture de Mars 2020

Salut à toi, ami.e des Lettres,

Ce mois-ci, j’ai terminé 4 livres TRÈS différents: 1 roman, 1 récit autobiographique (je les adore !) et 2 BD. Je t’en parle en quelques mots et une vidéo, pour te donner une impression 3D de ces univers dans lesquels j’ai eu le plaisir de voyager ses dernières semaines. Et toi? Tu as lu quoi dernièrement ?

Jours barbares – William **
Roman autobiographique auréolé d’un Prix Pulitzer, mais ce n’est pas cela qui m’a décidé à me lancer dans le flux et le reflux de ces plus de 500 pages. Ce qui m’a attiré, c’est l’histoire d’une obsession. L’histoire d’un homme, au parcours de Grand Reporter dans les endroits les plus dangereux du monde, qui consacre un livre entier à sa passion : le surf. Cette addiction qui a pris possession de son âme et dont il n’a assumé l’existence au grand jour que très récemment. Car à ses yeux, surfer pouvait nuire à son image et sa crédibilité en tant que journaliste. Il est vrai que l’on parle des années 1950 à nos jours et la perception de ce sport à beaucoup évolué depuis quelques années. Ce qui m’a attiré, c’est ce rapport à l’océan et à l’insaisissable. La lecture de ce livre s’est faite sans réel effort et pourtant, je reste sur ma faim, un peu déçue par la simplicité de ce récit chronologique dans lequel je n’ai pas trouvé les explications ou même les émotions que j’attendais. Je ressors de cette lecture, comme bousculée par les vagues successives de ce parcours, mais sans les sensations de fatigue mêlée d’exaltation que j’espérais ressentir. Je n’ai sans doute pas accroché avec l’écriture tout en retenu de Mr Finnegan. Je me sens bien plus touchée par son visage ridé encore émerveillé par ces moments, lorsqu’il les raconte à la camera.

Just Kids – Patti Smith ****
Je ne suis pas très rock. En terme de goûts musicaux, je veux dire. Je fais régulièrement des tentatives et j’apprécie certains morceaux, mais cela n’est pas la musique vers laquelle je me tourne naturellement. En revanche, je reste en admiration béate devant de nombreux chanteurs et chanteuses de rock. Une énergie créative inégalable que je trouve d’une grande inspiration. Des personnalités souvent hautes en couleur, dont la vie en elle-même est une œuvre à part entière et dont les textes écorchés percutent une partie de mon amie, meurtrie comme eux. Kurt Cobain, David Bowie, Keith Richards, Mick Jagger, Janis Joplin, Courtney Love, Patti Smith,… Autant de destins incroyables et d’artistes de talent dont la créativité déborde et éclabousse avec une intensité incroyable. Patti Smith représente pour moi l’une de ces forces de la nature et j’ai énormément apprécié de découvrir les coulisses de son intimité. Ce que j’ai découvert est bien loin de ce que je m’imaginais, mais pas moins galvanisant, bien au contraire ! Je suis tombée sous le charme de cette simplicité, cette générosité de cœur, cette humilité naturelle et surtout cette sensibilité à la beauté qui m’a profondément touché. Première lecture d’un livre de Patti Smith, et certainement pas le dernier ! Je rêve maintenant de me plonger ses recueils de chansons et de poésie !

Le serpent d’eau – Tony Sandoval ****
Une magnifique découverte que l’univers onirique et tendrement sombre de Tony Sandoval. Le mois dernier, je lisais « Mille Tempêtes » et ce mois-ci, je n’ai pas résisté à l’appel du « Serpent d’eau ». Je me suis laissé envoûtée par le style singulier de cet auteur : des traits fins, pleins de poésie, et une hypersensibilité au monde, le visible et l’invisible, que l’aquarelle retranscrit avec beaucoup de délicatesse. Les histoires de Tony Sandoval constituent pour moi comme des bulles de songes dans lesquelles je me laisse flotter, l’espace d’un instant. Un moment irréel et émouvant. L’histoire est à la fois simple et profonde, tout ce que j’aime. Mon seul regret, mais qui pourrait s’appliquer à beaucoup de BD, c’est que j’ai trouvé cette parenthèse trop courte. Mais j’imagine que ce n’est pas vraiment une critique !

Rendez-vous à Phoenix – Tony Sandoval ***
Et oui, vous allez vous y faire, quand j’apprécie un auteur, je passe souvent en mode obsessionnel ! 😉 En tout cas, je m’intéresse souvent à l’auteur ou l’autrice derrière l’œuvre et cette BD a répondu à ma curiosité. En effet, rien à voir, en terme d’ambiance et surtout d’histoire, avec les autres BD de cet auteur, puisqu’il s’agit ici d’un récit autobiographique. Tony Sandoval est un scénariste et dessinateur mexicain qui a du émigrer illégalement de son pays pour espérer vivre ses rêves d’auteur. Et c’est ce moment charnière dans sa vie et sa carrière que l’auteur a décidé de nous partager. À l’heure ou les mouvements de migration humaine sont plus que jamais d’actualité, je trouve important de comprendre l’impact émotionnel que représente pour un migrant le fait de fuir son pays pour tenter une autre vie ailleurs. Cette BD nous raconte l’un de ces ponts vers cette vie lorsqu’elle nous échappe dans son propre pays.