Un trésor de famille – épisode 3

Pour ceux qui auraient loupé le début de l’histoire.

La lune éclaire une grande partie des ouvrages, mais ce sont précisément ceux cachés dans l’ombre qui intéressent Mégane. Elle attrape la bougie posée sur la commode et d’un craquement d’allumette, les livres convoités apparaissent à la lumière vacillante de la flamme. Moby Dick, les quatre filles du Dr March, Oliver Twist. Elle est au bon endroit, ce sont tous les livres pour enfants que les femmes de sa famille se passent depuis plusieurs générations. Mais elle ne trouve pas celui qu’elle cherche. Celui sur lequel elle a eu cette intuition, au moment où sa grand-mère lui a révélé l’existence du trésor. Elle est persuadée de l’avoir vu récemment dans ce coin de la bibliothèque, pourtant, il semble avoir disparu. Après une recherche approfondie, Mégane en a la confirmation, car un trou dans le rayonnage indique clairement un livre manquant, à l’endroit précis où elle se souvenait avoir vu sa Grand-mère le ranger…
Mégane est dépitée. Tous ses beaux espoirs tombent à l’eau. Elle se laisse tomber dans le grand fauteuil installé à coté de la bibliothèque pour réfléchir à la situation quand un remue-ménage, semblant provenir de l’entrée, attire son attention. Mégane relève la tête et cherche la source de toute cette agitation. Est-ce Hector, le chat facétieux de sa Grand-mère, qui fait encore des siennes ? Mégane doit en avoir le cœur net. Elle se lève du fauteuil et se dirige avec précaution dans la direction que lui indiquent ses oreilles. À sa grande surprise, l’énorme armoire normande, que sa Grand-mère utilise pour ranger les manteaux des invités, s’agite toute seule sur ses pieds, elle est comme possédée, en proie à une lutte intérieure féroce. Une lumière intense s’échappe par les interstices des portes et du fronton comme si un soleil d’été avait été emprisonné à l’intérieur. Mégane est tétanisée devant le phénomène, trop intriguée pour avoir réellement peur, mais pas assez rassurée pour oser s’approcher.

– Incroyable, l’armoire magique est activée, j’en avais entendu parlé, mais je ne l’avais pas cru. Mégane, c’est notre chance de passer de l’autre coté et d’explorer le monde des rêves. Le trésor s’y trouve sûrement. Tu sais où ta Grand-mère cache la clé ?
Mégane sursaute, surprise de trouver Sophie, debout à ses cotés, qui la regarde avec un regard interrogateur.
– euh, je…
– Sophie a raison, si tes ancêtres ont caché un trésor jamais retrouvé, il est fort a parié que l’on trouve des indices dans le monde des rêves.
– Pélops ? Mais, comment ça se fait…
– Mégane, on n’a pas le temps, dit Sophie en s’approchant de l’armoire pour maintenir la porte fermée. Si l’armoire explose, nous aurons perdu tout espoir d’accéder à ce monde magique.
Pélopidas aboie en direction de la porte, comme si cela pouvait aider la pauvre Sophie à contenir les soubresauts de l’armoire ensorcelée.
– OK, ok
Mégane réfléchit à toute allure. Sa grand-mère ferme a clé cette armoire, car elle a tendance a s’ouvrir toute seule, et Hector s’amuse à en chaparder la clé à chaque fois qu’elle la laisse sur la porte. La dernière fois que c’est arrivé, Mégane a vu sa grand-mère la ranger…
– Le pot à crayons, à côté du téléphone !
Mégane s’y précipite et brandit la clé dans un geste de victoire. Elle revient à l’armoire en courant et introduit la clé dans la serrure. Ce simple geste calme instantanément le meuble, et la lumière à l’intérieur semble avoir disparue. Les trois amis se regardent avec appréhension, et c’est Pelops qui donne le signal pour tourner la clé. La clé vient tout juste de faire un tour complet lorsque la lumière aveuglante réapparaît, obligeant les trois compères à fermer les yeux, et un vent violent se met à aspirer tout ce qui se trouve devant l’entrée. Mégane et Pélops parviennent à se carapater derrière la porte, mais la pauvre Sophie est engloutie en une fraction de seconde, comme si elle était avalée par une bouche géante. Mégane et Pélops luttent tout deux pour ne pas être aspirés à leur tour dans les profondeurs de l’armoire. Mégane, a pris Pélops dans ses bras, elle résiste, s’accroche a tout ce qui l’entoure, et tout son corps se met à trembler, comme secoué par un tremblement de terre. Mégane. Mégane ?
• Mégane, réveille-toi mon chou !
Mégane ouvre les yeux sur sa Grand-mère, et regarde autour d’elle.
• Pourquoi as-tu dormi dans le fauteuil ? Tu as eu un problème ma chérie ?
Mégane ne répond pas. Elle se lève précipitamment pour aller voir l’armoire de l’entrée. Le corps inanimé de Pelops gît sur le carrelage, et Hector, les yeux fixés sur la clé de l’armoire, s’apprête à bondir pour la récupérer…

A suivre, à la semaine prochaine! 🙂

UPDATE : La suite de l’histoire est ICI.

Un trésor de famille – épisode 2

Pour ceux qui auraient loupé le début de l’histoire.

Mégane, maintenant soutenue par Sophie et Pélops, risque un pied en dehors de sa chambre. Au bout de quelques minutes, ses yeux se sont habitués à la nuit, et elle distingue parfaitement la rampe d’escalier qui mène au salon. Elle ajuste la ceinture de sa robe de chambre, et avance avec ses compères, dans le couloir sombre. Mais au moment de passer la porte de sa grand-mère, son cœur bondit dans sa poitrine car un bruit effrayant lui parvient tout à coup de l’autre coté de la cloison. Elle est à deux doigts de rebrousser chemin lorsqu’elle reconnaît les ronflements sonores de sa grand-mère. Ce sont ces mêmes ronflements qui lui parviennent du canapé chaque après-midi, lorsque sa grand-mère s’y endort immanquablement sur son travail de tricot. Mégane lâche un grand soupir et prend le temps de reprendre ses esprits. Décidément, elle est bien trop stressée, il va falloir se détendre un peu si elle veut arriver à destination sans mourir d’une crise cardiaque à chaque pas ! Elle serre un peu plus Sophie et Pelops contre elle, retrouve son calme, et surtout l’excitation de la chasse au trésor, pour aller de l’avant. En haut des marches, Mégane se retrouve face à un nouveau défi dont elle se sait capable : parvenir à déjouer les marches grinçantes de l’escalier, pour arriver en bas sans réveiller sa grand-mère. Son poids léger est un avantage et sa mémoire un atout précieux. Elle connait bien cet escalier, elle a appris à en repérer les faiblesses. Silencieusement, Sophie et Pélops l’encouragent, et Mégane progresse avec une grande habileté. Arrivée en bas, elle est tellement concentrée sur sa performance qu’elle n’a pas vu les deux yeux luisants, qui la suivent avec attention, depuis le fauteuil du salon. Lorsqu’elle s’approche de la grande bibliothèque, elle se retrouve nez à nez avec ce regard jaune, inquisiteur, braqué sur elle. Elle parvient de justesse à étouffer un hurlement en serrant les dents et en lançant un petit cri de souris surprise gnniiiiiiiiiiiiii… mais son premier réflexe est de jeter ce qui lui vient en direction du monstre. Et ce qui lui vient, c’est le pauvre Pélopidas, qui se retrouve malgré lui en première ligne ! Finalement assez efficace, car en une fraction de seconde, la bête s’enfuit dans un vacarme de tout les diables avec un miaulement mécontent. Hector, le chat de Mamie. « Mon dieu qu’elle frayeur ! » comme dirait la grand-mère. Mégane est complètement bouleversée, son cœur bat la chamade et elle reste tétanisée en plein milieu de la pièce, attendant nerveusement que sa grand-mère se réveille, et vienne la gronder. Pourtant, après plusieurs minutes, il faut se rendre à l’évidence, les ronflements n’ont pas cessé, elle dort toujours à point fermé. Le salon est largement éclairé par un rayon de lune qui lui parvient par la fenêtre du salon. Mégane avance vers les rangées de livres bien alignés. Elle a le pressentiment que quelque chose d’important se trouve là, sur ces étagères poussiéreuses, que personne ne regarde jamais…

La suite mercredi prochain, si tout va bien ! 🙂

UPDATE: la suite est maintenant dispo ICI.

Le rien et le tout – V. Hugo

« Je ne suis rien, je le sais, mais je compose mon rien avec un petit morceau de tout.”

Victor Hugo, Le Rhin.

Cette semaine, j’aimerais souligner l’importance des petits pas, valoriser toutes nos contributions aussi minimes soient elles. Ne jamais douter que ces petits riens, que nous accomplissons dans nos vies pour avancer vers nos rêves, les construisent sans en avoir l’air. Ces petits riens paraissent bien fragiles, pourtant ils contiennent l’essence même de ce « tout » qui nous anime et vers lequel nous allons irrémédiablement. Alors, ne lâchons rien, et continuons à tricoter nos riens !

Bonne semaine, amis créateurs, amies créatrices ! <3