« Summer » de Monica Sabolo

Aujourd’hui je voulais vous parler de « Summer » de Monica Sabolo. Un roman à l’atmosphère inquiétante et envoûtante. Un polar des profondeurs qui remue la vase du Lac Leman pour découvrir le secret sur la disparition de Summer, jeune fille énigmatique de 19 ans.

Ce qui m’a attiré vers ce roman? Son autrice, découverte lors d’un entretien dans la Grande Librairie. J’ai tout de suite apprécié sa façon de s’exprimer à la fois intuitive et réfléchie. Une sensibilité à la Nature qu’elle explore dans plusieurs de ses romans comme si elle tirait le fil d’une pelote qu’elle ne voudrait pas lâcher, persuadée qu’il va la mener à un trésor. Dans cette quête, je me suis sentie invitée à la suivre. Comme si j’avais l’opportunité de faire un bout de chemin avec une amie.

Le résultat de cette première rencontre s’appelle « Summer ». Le choix de ce prénom-saison reflète parfaitement la profondeur de ce roman. Une saison qui évoque le soleil, les vacances et l’insouciance. Une saison beaucoup centrée sur les apparences. C’est le moment d’exposer son corps en maillot suivant les injonctions de notre société à incarner la femme parfaite. Monica Sabolo nous décrit cette saison là: éblouissante, lumineuse, terriblement vivante. Mais elle s’aventure bientôt derrière les apparences. Là où le soleil se transforme en chaleur moite. Où l’eau qui ruisselle sur les corps devient filet de sueurs froides entre les omoplates. Et c’est dans cette dualité, dans cette ambivalence que la créativité de Monica Sabolo me semble exprimer pleinement sa voix, distincte et poétique. Elle ne se contente pas de porter la beauté, même si elle sait lui donner le plus beau des écrins, mais s’attaque aussi aux facettes plus dures. Elle cisèle son texte pour laisser émerger les failles, les souffrances cachées.

Du point de vue de l’écriture:
Je vous partage cette lecture car il me semble qu’elle a dĂ©verrouillĂ© quelque chose dans mon âme d’écrivaine. Une façon d’écrire plus ample, une autorisation Ă  ĂŞtre plus connectĂ©e Ă  mon intĂ©rioritĂ©, libĂ©rĂ©e de je ne sais quoi. Alors j’ai tentĂ© de mettre les mots sur cette dĂ©couverte du point de vue de l’Ă©crivaine, en tentant d’identifier plus clairement ce qui m’a plu:
– J’ai dĂ©couvert un univers sĂ©mantique d’une ampleur que je ne pensais pas possible et c’est une vĂ©ritable dĂ©couverte. Cette libertĂ© dans le choix des mots et leur association toute personnelle tisse un univers unique, très rĂ©el.
– Les mĂ©taphores sont omniprĂ©sentes et choisies avec une justesse qui m’a percutĂ© Ă  plusieurs reprises. J’ai compris que la force de la mĂ©taphore dĂ©pend de cette connexion profonde Ă  ce qui anime l’auteur au moment d’écrire son texte.
– Au-delĂ  de cela, j’ai aussi Ă©tĂ© captivĂ©e par les descriptions. Toujours d’une grande poĂ©sie, elles tirent leur force d’une intelligence perceptive envoĂ»tante. Les associations de mots sollicitent les cinq sens et m’ont emportĂ© dans un tourbillon sensoriel Ă  la fois puissant et rassurant. Cette sensorialitĂ© matĂ©rialise le dĂ©cor et ancre profondĂ©ment le rĂ©cit dans une rĂ©alitĂ© qui exprime une sensualitĂ© palpable.
– On dit souvent qu’un bon personnage doit ĂŞtre rĂ©aliste et je suis assez convaincu de cela. Pourtant, les personnages de « Summer » tirent leur singularitĂ© du fait qu’ils sont plutĂ´t fantasmĂ©s. Ils ne cherchent pas Ă  ĂŞtre rĂ©alistes car ils existent dans une rĂ©alitĂ© autre et c’est ce qui fait leur force.
– J’ai aussi reçu la confirmation que l’ambivalence, les faux-semblants et la complexitĂ© des apparences constituent une thĂ©matique qui me touche et m’anime personnellement.

Au moment où j’écris cet article, je suis en pleine lecture de « Eden » le nouveau roman de Monica Sabolo qui confirme mon affinité avec l’univers particulier de cette autrice. Je vous en reparle certainement très bientôt.