Journal d’écriture – Mai 2020

Mois : #2
Nombre de jours ou j’ai travaillé à mon roman : 7
Nombre de jours ou j’ai procrastiné : difficile à dire... 10?
Nombre de mots écrits: 2 624 (Résumé inclus)
Estimation d’avancement de mon premier draft : 10%
Perception d’avancement dans ma tête : 2%
État d’esprit : Occupé ailleurs

Et oui, ça fait déjà un mois depuis mon dernier Bilan d’écriture dans l’avancement de mon roman. Comme vous le voyez dans les chiffres du mois, le volume d’écriture est réduit par rapport au mois précédent, mais j’ai néanmoins nourri mon projet, par différents autres biais et je commence à visualiser la partie immergée de l’iceberg, que constitue l’écriture de roman. Voilà, à ce stade, comment je ressens les choses :

Ce que j’ai expérimenté ce mois-ci, c’est que le processus de création n’est pas linéaire, il ressemble plus à une spirale qui oscille sans cesse entre écriture et maturation. Soyons honnête, j’aurais clairement pu avancer plus sur mon premier Brouillon sans me sentir particulièrement bloquée. Procrastination ou re-priorisation de mon travail (choisissez pour moi, sur ce coup-là, je pense que je vais manquer d’objectivité!), j’ai décidé de consacrer moins de temps à l’écriture proprement dite et de profiter du calme de la période de confinement pour participer à une formation d’une semaine en Creative Writing.

Vous le savez, mon expérience en matière d’écriture est très intuitive et quand je me suis lancée dans l’écriture de roman, je me suis rapidement aperçue que cela n’était pas suffisant. Comme nous l’a très justement expliqué notre formateur :

« L’écriture de fiction, ce n’est pas de la magie, c’est de la prestidigitation »

Lionel Tran – Les Artisans de la Fiction

Le travail d’un écrivain, c’est de savoir créer une illusion pour le lecteur. Une illusion si bien ficelée qu’elle ressemble à s’y méprendre à une forme de réalité. Ceci concerne tous les genres de fiction, SF inclue, car il ne s’agit pas ici de réalisme, mais plutôt de vraisemblance. Et savoir créer ces illusions, et bien cela s’apprend, et nos amis anglo-saxons ont écrit des manuels entiers sur le sujet. Bien sûr, il y a les adeptes et les détracteurs, de ce type de techniques. Les puristes vous diront que ces approches amènent à la création d’histoires forcément stéréotypées. Les aficionados, dont je fais partie, apprécient énormément la structuration de pensée qu’apportent ces concepts, et ne se sentent pas pour autant contraints de suivre une recette toute faite. C’est comme en cuisine, apprendre que vous pouvez jouer sur les saveurs salées, sucrées, amères, sur les différentes textures, et même les couleurs, va vous donner la base nécessaire pour déployer votre créativité. Et pour ma part, c’est bien ce qu’il se passe. C’est déjà le troisième stage auquel je participe, sur des thématiques différentes, et je sors à chaque fois avec un fourmillement d’idées et surtout une bien meilleure conscience de la façon dont je construis mes histoires. Par ailleurs, comprendre ces techniques de Creative Writing, a radicalement changé mon regard dans ma façon de lire et ou de regarder les films et c’est encore plus savoureux !

À l’issue de ce stage, j’ai pu regarder mon histoire sous un nouvel angle et j’ai trouvé cet éclairage particulièrement aidant pour déceler ou se situaient par exemple les faiblesses de mon intrigue. Cela m’a notamment permis de me confirmer que la fin que j’avais prévue pour mon histoire manquait de force, car j’avais oublié de prendre en compte l’impact que je voulais que cette intrigue ait sur le personnage principal. Une bonne histoire permet forcément au Héros d’évoluer, dans un sens ou dans un autre. Il est très rare qu’un Héros reste exactement le même, entre le début d’une histoire et la fin. Cette évolution, c’est ce que le spectateur attend et/ou espère. Ensuite, à l’auteur de voir s’il veut satisfaire ou frustrer son lecteur ! 😉

En bilan, je dirais donc que le mois de Mai a été productif avec peu de production. Ahah, un nouveau concept ? Et bien, je crois que pour quelqu’un qui vient comme moi du milieu de l’entreprise, cet état de fait me surprendra toujours. Car la création demande autant de FAIRE que de VIVRE son déroulement. Créer une histoire, est finalement un processus organique et il faut lui laisser l’espace de respirer pour lui donner sa pleine puissance. Voilà pourquoi les écrivains se battent autant pour avoir de meilleures conditions de création. Il existe peu d’activités qui demandent autant de temps pour produire. Un auteur peut facilement mettre des années à écrire son roman, et il est rémunéré quelques euros par exemplaires vendus. Le calcul est rapide à faire : à part les prix littéraires, l’édition papier est difficilement rentable pour un écrivain qui veut vivre exclusivement de son art. Pour ma part, cela ne m’empêchera jamais d’écrire, car je sais que j’ai besoin de ce processus créatif dans ma vie pour nourrir mon activité de Facilitatrice Potentiel et pour nourrir mon âme, au-delà des retombées financières qu’il peut m’apporter. Il y a de nombreuses façon de s’imaginer écrivain, et je crois que la situation actuelle pousse le milieu de l’édition à se réinventer. Je serais ravie de pouvoir y participer, même si la forme n’est pas encore confirmée. En attendant, chaque moment passé face à mon Roman m’apprend bien au delà de ce que nombre de formations ont pu m’apporter au cours de ma carrière professionnelle. Vous le savez, pour moi, l’écriture est un outil de développement ultra puissant.

Pour finir, je vous avais promis, le mois dernier, de vous partager un petit résumé du roman sur lequel je suis en train de travailler. Vous aurez ainsi une idée un peu plus précise de ce dont je parle lorsque je vous raconte mes tribulations d’écrivaine. 🙂

PHŒNIX - Résumé
« Cela fait bientôt quinze ans, que Gabrielle s’applique dans son rôle d’épouse modèle, auprès de Stephen. Ils habitent Chicago, dans un magnifique Duplex. Leur fille, Cheyenne vient de rentrer au Collège, et l’entreprise familiale, héritée par son mari, génère suffisamment d’argent pour que Gabrielle n’ait pas besoin de travailler pour gagner sa vie. Cela fait aussi quinze ans, que Gabrielle et sa sœur ne se sont pas vues, pas parlé, pas écrit. Rien qui ne puisse raviver la douleur. Rien qui ne puisse rappeler ce matin de Novembre où leur relation s'était irrémédiablement brisée. Oublier. Jessica avait passé de nombreuses années à l’étranger, à poursuivre sa passion pour les médecines ancestrales. Elle semblait s’être donné pour mission, de rencontrer tous les Maîtres Yoda de la Planète. Cette sœur lui avait-elle manqué ? Pas tant que ça. La vie de Gabrielle était presque parfaite. S’il n’y avait pas ces angoisses nocturnes, si l'alcool n'était pas un sujet, si elle pouvait être la femme que Stephen lui demande d’être à ses cotés. Si, si, si… Mais plus Gabrielle fait d‘efforts, plus les choses dérapent, et plus elle perd le contrôle de la situation. Elle s’est promise de tout supporter, mais elle refuse que sa fille pâtisse de ses erreurs. Sur un coup de tête, elle quitte Chicago avec Cheyenne, pour se réfugier chez sa meilleure amie, à des milliers de kilomètres, dans un petit village du Nouveau-Mexique. Cet endroit, a été le refuge des deux sœurs, pendant toute leur enfance. C’est là, qu’elles vont se retrouver et devoir, malgré leurs résistances, affronter les fantômes du passé. Ces retrouvailles constituent elles un espoir de réconciliation, ou bien l’annonce d’un drame plus grand encore que celui qui les a séparé ? Il n’y a qu’un moyen de le savoir, et de toute façon, Gabrielle n’a plus vraiment le choix. »

Le mois prochain, je vous propose de vous présenter plus concrètement mes personnages.
En attendant, bon courage à tous les écrivains et écrivaines en herbe dans leur projet ! <3

Journal d’écriture : Changement de cap

Comment allez-vous ? J’espère que votre semaine s’est bien passé, malgré le confinement. Est-ce qu’elle a été créative ? Pour ma part, il semble que cette situation ait eu un impact plutôt positif sur mon travail. Ces conditions particulières m’ont poussé à m’organiser différemment et cela a sans aucun doute influencé ma décision de revoir entièrement mon projet de premier roman ! Je crois qu’un tel changement de cap nécessitait une prise de recul que cet isolement forcé a favorisé ! Car cela faisait plusieurs semaines que j’avais la sensation que mon projet mûrissait dans ma tête, bien au-delà du travail d’écriture que je continuais à fournir. Je sentais confusément qu’un élément important me manquait pour comprendre pourquoi je me sentais éternellement insatisfaite de la direction que je prenais dans mon récit. Et c’est lors d’une discussion avec un ami, que l’information a commencé à faire son chemin : les événements de ma propre histoire, dont je m’inspire pour créer celle de mon roman, ne sont peut-être pas aussi révolus que je le pensais ! Après réflexion, ce passé apparaît encore étroitement lié à mon présent et dans ces conditions, difficile pour moi de prendre le recul nécessaire à la création (Voir mes résistances pour lacher le réel). Je suis à la fois l’auteur et le sujet de mon histoire. Une situation complexe et peu propice à l’élaboration de mon projet, comme si je m’efforçais de construire sur un sol encore mouvant. Cette prise de conscience à fonctionné sur moi comme un déclic et une décision inattendue s’est alors imposée à moi : mettre le projet en stand by. Vous me direz, c’est quand même dommage de suspendre l’écriture de mon roman alors que je n’ai jamais eu autant la paix pour l’écrire ! Pourtant ce n’est pas ce qui me préoccupe au au moment de prendre cette décision, mais plutôt ce doute très dérangeant qui subsiste : est-ce que je ne suis pas juste en train de succomber à une nouvelle résistance ? Est-ce que j’abandonne définitivement ce projet ? C’est possible, je n’ai aucune certitude. Mais à ce stade, il est devenu essentiel pour moi de tenter de faire la distinction entre persévérance et obstination. Depuis plusieurs mois, j’ai persévéré, mais ce nouvel éclairage me pousse à faire preuve d’une plus grande flexibilité. D’essayer autre chose, au risque de me tromper. J’ai décidé de suivre cette intuition qui me dit de laisser à cette histoire plus de temps et d’espace, de la laisser respirer, et moi avec. Est-ce que cela veut dire que je n’écris plus ? Que j’ai renoncé à mon rêve ? Certainement pas. Car depuis le début de cette aventure créative, j’ai trois projets bien identifiés dans ma tête, trois balises sur le chemin que je me suis tracé pour me lancer en tant qu’écrivaine. J’ai donc jugé qu’il pouvait être plus avisé de redistribuer les cartes afin de changer l’ordre de création de mes projets. J’ai soigneusement rangé toutes mes notes relatives à ce « premier » projet, et sortis le carnet où j’avais rassemblé celles pour le deuxième. Et depuis lundi, je travaille à ce nouveau projet. Un projet qui n’a rien à voir avec ma propre histoire et qui m’offre enfin la liberté que je ne connaissais pas de tout inventer… ou presque. Car les premières bribes de cette histoire me sont apparu en rêve, il y a déjà plusieurs années. Il a d’ailleurs été très étonnant de voir le reste de l’histoire se révéler cette semaine, au cours de l’écriture du scénario qui m’a occupé ces derniers jours. J’ai eu le sentiment de faire l’expérience de déterrer un trésor comme dans une fouille archéologique, partant de ce qui affleurait en surface pour découvrir ce qui était encore enterré, comme le décrit Stephen King dans « Écriture, mémoire d’un métier ». Cette première semaine m’a donc plutôt conforté dans mon choix, mais les débuts sont toujours enthousiasmants, alors je vais éviter de crier victoire trop vite. Surtout que comme tu le sais, l’écriture d’un roman est une course de fond alors, je reste concentrée. Qui vivra verra. Et vous ? Ça vous est déjà arrivé d’arrêter un projet en cours de route ? De le reprendre plus tard ?

Embrasser l’insécurité

Ami écrivain, amie écrivaine,

Comment s’est passé votre semaine d’écriture ? La mienne a été pas mal mouvementée et m’a confronté à une nouvelle réalité, celle d’embrasser l’insécurité de créer. Embrasser qui ? Quelle insécurité ? Encore un nouveau virus exotique menaçant ? En fait, plus les semaines décriture de mon 2ème Jet avancent (Previously dans #maviedecrivain pour ceux qui arrivent en cours de route) et plus je me rends compte que le contrôle est mon ennemi public numéro 1. Le manuscrit de mon roman ressemble actuellement à la surface frémissante du plomb sur le point de se changer en or (dans le meilleur des cas), mais tu vois, ca frémit, mais pour l’instant l’alchimie ne se passe pas. Pourquoi ? Ben, j’ai peur que ça m’explose à la gueule pardi ! Toi aussi, tu as eu Mr Gavin en cours de Chimie au Lycée ? Peut-être pas, sinon tu saurais que toute expérience non contrôlée finit toujours par un fiasco ! Alors moi, dés que je sens que mon imagination pourrait partir en vrille, et bien, je mets un couvercle dessus, pour bien refroidir tout ça. Super efficace, ça brule pas mais ça prend pas non plus. La seule chose à faire: lâcher prise… Mais comment?! Je crois que cette semaine j’ai trouvé une réponse à cette question, et c’est d’embrasser l’incertitude de ne pas savoir si cette effervescence va se transformer en or ou en purin. C’est quand même dingue, parfois j’ai la sensation que je suis plus à l’aise avec l’idée d’être sure de me planter plutôt que d’être dans l’incertitude de réussir. Ça peut pas durer.

“100% des gagnants ont tenté leur chance.”
La Française des jeux

Celui (ou celle) qui a pondu ce slogan est un génie. Je devrais faire imprimer des posters et les placarder partout dans mon bureau. Et puis aussi relativiser, parce qu’à bien y réfléchir, prendre des risques dans un bureau chauffé, dans ma maison, au cœur d’une petite ville de province, ca reste quand même assez sécuritaire. Le danger est complètement virtuel, mais il prend sacrément de la place ! Raaaa la peur de se planter, c’est un truc que l’on nous apprend depuis tout petit. Et bien moi, je peux te dire que je l’ai bien assimilé cette leçon là. Mais je ne vais pas me laisser faire. Si ça continue, je vais m’organiser une session par jour de plantage, histoire de dédramatiser et de me sortir de ce conditionnement nauséabond. Et toi, tu fais comment pour gérer cette prise de risque que nécessite la créativité ? Sache que toutes solutions m’intéressent. 😉
Un merveilleux we à toi.

Aurélie